Une Passion : l'Elevage

Il n’est pas rare que cette passion pour l’élevage surprenne. Cette marotte est de celles que peu de gens comprennent. C’est très souvent qu’il me faut justifier ma passion pour l’élevage et mon respect des animaux. Cela fait souvent sourire les gens que certains se passionnent pour l’élevage de poules, pigeons, lapins, chats.

Est-ce un crime d’aimer et de faire reproduire des animaux de race ? Elever pour son plaisir paraît souvent suspect aux yeux de certains. Il serait honteux de vouloir adopter un animal pour son apparence « On ne pourrait aimer en sélectionnant ». Notre soi-disant amour des animaux ne serait qu’une passion intéressée et non par amour de l’animal. Il est vrai que nous sélectionnons  pour notre  plaisir et /ou notre intérêt. Il est vrai que l’animal est une étape, une matière vivante sur laquelle on travaille. On y greffe nos idées et nos espoirs. Mais je sais que certaines choses peuvent être compatibles. La plupart des éleveurs que j’ai rencontrés et  qui sélectionnent sont des gens responsables qui n’oublient pas que si une poule, un pigeon, un lapin, un chat, reste de la matière vivante à travailler, elle est aussi « un cœur avec des plumes ou des poils autour ».

Tout d’abord, il faut distinguer «élevage» et «production animale». La production animale n’a rien en commun avec ce qu’a pu être l’élevage dans le passé et ce qu’il est parfois encore (mais hélas plus pour longtemps). Il faut dénoncer un système industriel cruel qui présente des inconvénients d’un point de vue du bien-être des animaux. Il existe des élevages qui tiennent plus d’Auschwitz que du jardin d’Eden. Les critiques des productions animales ne doivent pas nous amener à rejeter l’élevage. Ce n’est pas l’élevage qu’il faut abandonner mais les dérives productivistes aberrantes. Il est important aujourd’hui d’inventer de nouvelles façons d’élever les animaux. Ce type de «productions animales» a progressivement phagocyté l’élevage. Elever et produire, ce n’est pas le même travail.

Le terme « éleveur » regroupe bien des personnes, très disparates. Chacun a sa propre conception de l’élevage qui répond à ses motivations ou correspond à sa sensibilité. L’élevage demeure une passion qui est particulière à chaque individu. L’éventail des catégories d’éleveurs est très large. Il y a des éleveurs dans différentes espèces d’animaux : chevaux, vaches, chèvres, poules, pigeons, chiens, chats, canaris, cobayes, etc. Selon les espèces et les races, on trouve des éleveurs professionnels et des non professionnels qui sélectionnent des animaux de race. Les éleveurs professionnels recherchent, et c’est bien normal, le meilleur rendement au moindre coût. Mais il ne faut pas non plus confondre les éleveurs professionnels de chiens par exemple avec les « fabricants » de nombreuses portées qui ne méritent pas le nom d’éleveurs. Ces derniers sont plus motivés par le porte-monnaie que par l’élevage. L’objectif est de vendre avec la part de bénéfice la plus forte possible. Il change de race en fonction de la demande. Pour l’appât du gain, beaucoup se précipitent sur n’importe quelle race ou variétés porteuses de profits. Il est difficile de lutter contre les vogues, d’où qu’elles viennent. Il existe, en France comme ailleurs, une mode pour les chats, les chiens, certaines races sont favorisées, d’autres tombent dans l’oubli. Qui dit mode dit production de masse, avec ce que cela suppose de manque de sélection. Ils font reproduire en abondance pour honorer les demandes. Entre consanguinité mal menée et retrempe anarchique, les résultats ne se font pas attendre : dérive du type racial, apparition de tares, problèmes de caractères, etc... Et c’est souvent les races qui paient l’addition. Etre un chien ou chat « à la mode » peut-être une catastrophe pour une race. Les labradors sont historiquement des chiens de chasse parmi les chiens de races les plus dociles. Le labrador ne cherche pas à dominer son environnement familial. Le labrador retriever est une race très populaire qui a une excellente réputation méritée. Pourtant la SPA reçoit de plus en plus de labradors souvent cités pour des cas de morsures. On parle de plus en plus souvent de labradors agressifs, ce qui est du à une non sélection par des commerçants.

Il y a une profonde différence entre les éleveurs professionnels et les éleveurs amateurs (ce dernier mot dérivant du verbe latin «amare» qui signifie «aimer» celui qui élève par plaisir, par goût, par penchant «inclination naturelle») d'animaux de races. Ces derniers travaillent sans aucune idée de profit mais avec un idéal. En agissant ainsi, ils conservent, un patrimoine génétique extrêmement varié que la nécessité du profit interdit aux professionnels. Dans plusieurs espèces, certaines races ne doivent leur survie que grâce à nos petits élevages qui ne misent pas sur l’appât du gain, en ne choisissant pas des races ou des variétés qui se vendent bien.

L’énorme majorité d’éleveurs amateurs cherche dans leur « hobby » un dérivatif à leur quotidien. On y trouve une grande variété de professions. De même toutes les tranches d’âge sont représentées depuis l’écolier(e) jusqu’au retraité(e).

Elever des animaux est chose aisée lorsqu’on se borne à faire reproduire n’importe quoi n’importe comment. L’élevage de sélection n’est pas seulement d’accoupler un taureau avec une vache, de glisser une bague à la patte d’une poule ou de demander un pédigrée pour un chat. Sélectionner, c’est faire un choix raisonné pour un résultat escompté, c’est mettre en application les connaissances théoriques, les observations pratiques et le bon sens dont est muni chaque éleveur. On ne naît pas éleveur, mais on le devient. Savoir accoupler, élever et sélectionner, est un art que l’on acquiert avec le temps et de l’expérience. L’élevage de sélection est une pratique qui demande patience et observation, qui est aussi difficile que passionnante et qui s’apprend à travers des réussites, des sacrifices, des désillusions, d’espoirs, de joies. Certains auteurs ont comparé l’éleveur sélectionneur à un artiste qui travaille sur de la matière vivante. Les éleveurs sélectionneurs ne ménagent pas leurs efforts pour atteindre la perfection, mais rien n’est acquis définitivement. Pour un éleveur chaque naissance est un événement qui fait naître le même espoir et le même rêve d’avoir parmi ces animaux un futur champion. Ce qui le passionne, c’est de fabriquer ce sujet exceptionnel, ce champion, cet animal qui fait le nom d’un éleveur. C’est cela la magie et la drogue de l’élevage.

« L’élevage nous apprend avant tout deux vérités fondamentales : la première c’est que ce que l’on sait, ou croit savoir, n’est que peu de chose par rapport à ce qu’il faudrait connaître pour ne pas se sentir toujours débutant sur le sujet. Elever en amateur c’est redécouvrir chaque année les mystères de la création en faisant preuve de patience et de persévérance. C’est aussi apprendre constamment l’HUMILITE et ne jamais, ou presque, pouvoir dire je sais » (Alain DELILLE ABC de la perruche).

Il y a aussi certains éleveurs d’animaux (d’oiseaux d’ornement par exemple) qui visent un but différent. Il s’agit pour eux de garder l’animal comme la nature l’a créé, aussi sauvage que possible, garder le modèle originel. Certaines espèces, disparues dans la nature, ont été sauvées grâce à ce type d’éleveurs (bernache d’Hawaï, sarcelle de laysan, etc ).

Bien souvent aussi, les gens pensent que nous gagnons de l’argent sur le dos de nos animaux. Ce qui se passe chez moi, ne se passe pas forcément chez les autres, mais  d'après mon expérience en tant que modeste éleveur félin mais aussi avicole je qualifierais de dispendieux, l’élevage de sélection. Ce type d’élevage est loin d’être rentable. L’élevage coûte cher ! Celui qui espère gagner de l’argent ou même rentrer dans ses frais, fait fausse-route. Cette passion est une distraction qui coûte. J’y consacre une bonne partie de mon budget. Les saillies sont onéreuses, souvent éloignées et parfois infructueuses. Il en est de mêmes des frais pour engager nos animaux en expositions, parfois à l'étranger, l’achat des reproducteurs, les frais de vétérinaires, d’alimentation, cette liste étant loin d’être exhaustive. Le prix de revient de nos volailles d’expositions dépasse de beaucoup le prix de vente que l’on peut espérer en recueillir. Quand à la consommation des surplus de nos élevages, elle nous coûte infiniment plus que l’achat des mêmes produits en grande surface sinon la satisfaction de consommer des produits « maison ». Il est impossible d’établir un bilan précis de la rentabilité d’un élevage. Il y a trop de disparités selon les animaux et races élevés et selon d’un éleveur à l’autre. 

Cette passion m’accapare beaucoup. Les heures passées près de mes animaux dévorent le plus clair de mon temps. Il faut assurer en permanence des soins aux animaux. Abandonner pendant quinze jours un élevage de quelques chats, de chiens, un poulailler, clapier, … pose de sérieux problèmes sous bien des aspects. Elever réclame en effet, de la disponibilité, notamment pendant les périodes des naissances. Les vacances de longue durée sont proscrites. Pendant ces absences, je n’arrête pas de me tracasser. J’ai horreur de me trouver loin de mes animaux. Quand on partage sa vie avec un éleveur, cela signifie parfois des gros efforts de la part du partenaire qui n’est pas motivé. Beaucoup de conjoints sont prêt à dénoncer à tout instant les contraintes de l’élevage. Je suis un  passionné chez qui le mot «rentabilité» n’a que très peu de signification. Je pense être un modeste éleveur passionné par les animaux qui me font vivre autre chose que le quotidien, c’est un « hobby ». Le travail représenté par l’entretien, les coûts, les contraintes et obligations font que bon nombre « d’éleveurs temporaires » comprendront après une tentative plus ou moins courte, que devenir éleveur n’est pas facile. Il faut relativiser le titre d’éleveur, avec le fait d’avoir essayé de le devenir. Certains élevages disparaissent avant même d’être nés. Devenir éleveur n’est pas une passade, un coup de tête. On peut qualifier de luxueux l’élevage de sélection. D’ailleurs les premiers éleveurs amateurs qui disposaient de temps et de moyens pour se livrer à cette activité étaient des aristocrates et des bourgeois. Elever pour le plaisir était historiquement un luxe réservé à une classe privilégiée, depuis la plus haute antiquité jusqu’à la fin du XIXéme siècle qui a marqué sa démocratisation.

« Si l’écologie est à la mode, l’élevage amateur n’a jamais été une mode. Il a uni dans une passion, à travers les siècles, le souverain assyrien à l’armateur athénien, le Maharadjah à l’empereur de Chine et l’aristocrate anglais à l’éleveur amateur de nos banlieues. La passion de l’élevage subsistera encore à travers les siècles tant qu’elle correspondra à un idéal et traduira une certaine idée du bonheur ». (Histoire de l’élevage amateur, de l’antiquité a nos jours/Jacques HUARD)

J’ai un regard rempli d’admiration face à certains éleveurs. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui lors de discutions m’ont montré, sans restrictions, le chemin à suivre. J’ai rencontré des gens de toutes sortes, des éleveurs affables, qui m’ont fait bénéficier de leur aide et de leur expérience.  Ils dispensent leur savoir avec passion.

Pendant longtemps, n’importe quelle personne pouvait pratiquer une ou plusieurs activité touchant à l’animal sans formalité (ou presque), mais les choses ont évolué. Aujourd’hui dès que nous faisons naître deux portées de chatons par ans, l’éleveur est considéré comme éleveur professionnel et vous devez déclarer votre chatterie à la Direction Départementale des Services Vétérinaires et posséder un Certificat de Capacité. De facto, l’éleveur est un exploitant agricole et se voit appliquer le statut correspondant, à titre principal ou secondaire. Je ne suis pas contre tout contrôle, au contraire mais cette qualification n’est pas sans conséquence. Elle nous oblige a tenir à jour de façon rigoureuse un certains nombre de documents. Aux contraintes d’élevage s’ajoutent les contraintes administratives qu’il vaut mieux connaître pour être en règle. Pourtant l’amateur passionné n’a rien d’un gestionnaire. Il est regrettable d’être lié par des règlements trop précis et contraignants, peu faciles à adapter à certains cas particuliers qui détournent de l’élevage tout ce qui n’est pas grands éleveurs. On se demande parfois si la simple liberté de l’individu lui permet de s’intéresser encore et de poursuivre un idéal.

L’être humain est responsable de la disparition de nombreuses espèces sauvages. Le panda, le gorille, le rhinocéros blanc, autant d’espèces, popularisées par les  émissions télévisées animalières, dont le grand public sait parfaitement qu’elles sont menacées d’extinction et font l’objet de programmes de protection internationaux. Mais l’homme est aussi responsable de la disparition de nombreuses  races domestiques. Un nombre important de races d’animaux domestiques ont été perdues au cours du XXème siècle. On parle actuellement de « patrimoine en péril » à propos de certaines races d’animaux domestiques (poules, vaches, chevaux, etc). Une race d’animaux d’élevage disparaît chaque mois dans le monde, s’alarme l’ONU dans un rapport  pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Une fois que l’on aura perdu l’une de ces races, il est à peu près exclu, quel que soit le progrès de la génétique, de pouvoir reconstituer un jour ce qui est le résultat de siècles de sélection. Presque tous les Français ignorent que le coq « gaulois », emblème de la France, le lapin « normand », le pigeon « tête noire de Brive » , le chat « European shorthair », la vache « pie noire », ….. sont également des races en voie de disparition (tout comme de nombreuses variétés de légumes et de fruits).

Vache Pie Noire

Coqs et Poules gaulois dorés

Bohême de Pen-Enez

Cat de Pen-Enez

Cendre de Pen-Enez

Scarborough Beatrice Eleonor

Eros des Sept Sources

Chats Europeens ou European Shorthair

Lorsqu’on se rend dans n’importe quelle campagne de France, on ne rencontre malheureusement plus que les quelques volailles de souches industrielles. Elles n’ont même pas de noms, mais des numéros ou alors une couleur. On ne sait plus quelles sont les races de notre région. Elles sont remplacées par des races à la productivité imbattable, en raison de l’augmentation de la demande mondiale.

On assiste à un phénomène de mondialisation qui impose commercialement sur la planète quelques races, comme la Prim’Holstein à haute production laitière, pour les vaches, White Leghorn,  pour les poules pondeuses, les porcs Large White à croissance rapide. Des races qui  sont aujourd’hui présentent dans plusieurs régions du monde.

Pourtant de nombreuses races menacées, souvent moins productives bénéficient de qualités uniques. Les animaux de races locales sont mieux adaptés à leur terroir et donc plus résistants aux maladies, la diversité génétique peut-être une assurance contre l’expansion de maladies.

Les experts de l’Institut International de Recherche sur l’Elevage (ILRI) ont lancé le 22 juillet 2010 un cri d’alarme à Ouagadougou (Burkina Faso). Plus productives en lait et en viande, les races importées d’Europe, d’Asie et d’Amérique supplantent les bovins, caprins et ovins indigènes, comme le kouri aux grandes cornes du Tchad et du Nigeria, qui est mieux adapté au climat local. Même les croisements entre espèces de zone africaine différente, destinés à lutter contre les maladies, affaiblissent le bétail. Pourtant, avertissent les chercheurs, il est crucial de garder intacte la riche diversité génétique d’animaux issus de souches adaptées depuis des millénaires. Les bovins importés, plus fragiles, demandent des soins vétérinaires hors de portée de bon nombre d’éleveurs. L’ILRI préconise d’investir plutôt dans les outils génétiques qui permettraient d’améliorer la productivité des espèces locales (sciences et avenir septembre 2010).          

Heureusement que certains éleveurs ont le mérite de s’employer à maintenir des races obtenues parfois avec grandes difficultés par nos anciens. C’est une façon de contribuer à conserver et valoriser un patrimoine français, européen, mondial.

L’ONU a jugé que les aviculteurs amateurs étaient des acteurs essentiels et passionnés de la sauvegarde de la diversité génétique. La poule Nagasaki, qui est beaucoup critiqué en Allemagne est considérée au Japon comme faisant partie intégrante de la culture nationale de ce pays et a été classée, par l’ONU, comme valeur internationale à protéger.

Beaucoup de citadins nés en milieu urbain ont une faible connaissance du végétal ou vivant. L’écologie est devenue plus que jamais à la mode. On transforme l’écologie en une nouvelle religion. Beaucoup d’écologistes extrémistes, élevés dans des villes, idéalisent la nature. Selon certains la domestication des animaux serait identique à l’esclavage. Ces écologistes extrémistes réussissent à convaincre qu’il n’existe que des animaux sauvages. Des hommes politiques, chercheurs, docteurs, reconnus internationalement (pour d’autres travaux) sont adeptes de ce courant de pensée. Le lobby anti-élevage, prend actuellement des proportions inquiétantes en Allemagne, où on interdit des dizaines de races d’animaux domestiques de toutes espèces. Il présente certains éleveurs négativement, parce qu’ils pratiquent l’eugénisme et l’inceste. Il qualifie leurs efforts de sélection de dégénérescence. L’homme aurait-il créé et sélectionné des races uniquement dans le but de les torturer ? Certaines formes de sélections posent-elles des problèmes, comme certains l’affirment ? Est-ce que des chevaux et des vaches « enfermés dans un pré sont malheureux ? Est-ce qu’un chat ou un chien «enfermé» dans votre  appartement est malheureux ? Certains pensent qu’un oiseau en cage est malheureux. Pourtant le lâcher dans la nature serait criminel car il ne pourrait vivre.

Il est vrai que les éleveurs ont créé des races et les maintiennent selon un standard précis qu’ils ont eux même établi, s’écartant, en toute conscience de la nature. Les actuels chevaux de courses, les vaches laitières, les meilleurs lainiers des moutons, beaucoup de races de chats et de chiens ont des particularités physiques telles qu’ils leur seraient impossible de vivre sans une intervention quotidienne de l’homme. Certes, le sphynx  (Comme il est nu, ce chat ne peut plus vivre dehors) est mieux sous la couette que sous la neige, et personne ne dit le contraire. Mais sous ce prétexte, certains écologistes extrémistes l’ont décrétée « race handicapée » et veulent interdire son élevage, en Allemagne notamment.  Certes, il n’est pas question d’élever certaines races sans prendre certaines précautions, mais cette idéologie est une réaction extrémiste qui n’a rien à voir avec celle du bon sens. On peut épiloguer sur ce qui est « naturel » et ce qu’il ne l’est pas, si on considère l’histoire de la domestication.

Si un éleveur peut maintenir une race, il a également le pouvoir d’en créer une. Verrons-nous un jour naître des chats aux couleurs encore inconnues dans l’espèce féline, comme par exemple la robe d’un doberman ou d’un dalmatien ? Je trouve qu’élever pour le plaisir de l’œil ou de l’oreille montre une heureuse évolution des mœurs. On oublie souvent que la sélection, sans intervention humaine, dite «sélection naturelle», joue aussi un rôle dans la nature. On s’est aperçu récemment que l’Argus géant était en voie de disparition car le développement exagéré de leurs plumes ornementales conduit ces oiseaux à une issue fatale, chez la plupart des mâles, les régimes secondaires se sont allongés à tel point qu’ils représentent un sérieux handicap pour voler, donc pour fuir. Or, ce sont précisément les sujets porteurs des plus grandes et des plus belles parures qui attirent les femelles, les autres étant écartés de la reproduction, les gènes néfastes sont donc transmis à la descendance. Ainsi l’allongement des plumes chez l’Argus serait un véritable piège évolutif.... et sélectif.

S’il fallait à travers cet écrit me définir comme éleveur, parmi un grand nombre d’éleveurs très divers, je me situerais très modestement comme un éleveur-amateur-sélectionneur, passionné par les animaux qui me font vivre autre chose que le quotidien, c’est un « hobby ». Les avantages ne sont pas négligeables. S’occuper d’animaux me délasse et m’apaise et cela n’a pas de prix. L’élevage d’une portée de chiots ou de chatons, une nichée de lapereaux, une couvée de poussins, m'apporte beaucoup de plaisir. Mon attrait premier pour cette activité est affectif, voir passionnel. Je ne ménage pas mes efforts pour essayer d’atteindre la perfection, mais rien n’est acquis définitivement. Même en se donnant les moyens pour obtenir de bons résultats, la réalité est quelquefois déroutante en élevage. Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Et bien souvent encore je me sens débutant et je me pose cette question : Suis-je un éleveur-expérimenteur ?