European Shorthair : Mais qui se cache derrière ce nom

C'est un chat de race doté d'un standard et d'un pedigree. C'est un chat à poil court, qui existe dans une très grande gamme de couleurs. C’est un animal d’allure élégante, avec des lignes souples. Il est robuste, fort, bien musclé, doté d’une poitrine large, mais pas ramassé. L’apparence générale n’est jamais celle d’un chat adipeux et lourd. L’European Shorthair est beau par sa « normalité » et non à cause d’une quelconque originalité. Chez l’European Shorthair, tout doit être harmonieux, sans excès. Le physique de ce chat n’a rien de spectaculaire et paraît bien ordinaire par rapport à la majorité des autres races. Le standard de l’Européen a été élaboré à partir des caractéristiques les plus communément rencontrées chez le chat commun domestique européen. Le standard appliqué par le LOOF est élaboré à partir de celui de la Fife. Son élevage doit être fondé sur le fait que c’est un chat robuste, souple et qui n’est pas différent, du point de vue anatomique, du chat commun domestique européen. Les naturalistes du XVIIIème siècle, Linné et Buffon, ont nommé le chat commun domestique « Felis catus domesticus » et il fut reconnu comme une race de chat. Dans son histoire naturelle, le naturaliste français Georges Louis Leclerc de Buffon le présente aux côtés du Chartreux et de l’Angora. Un dessin de cette encyclopédie le représente juché sur une table, dans une cuisine, près d’une grande cheminée. Il possède une robe bicolore à poil court.

En réalités, presque tous les chats dits « de race » descendent de ce chat. Il a servit à l’élaboration et permettra de créer de nouvelles races et variétés. Sans lui, bien des races n’existeraient pas. L’European Shorthair est la race qui se rapproche le plus du chat commun domestique européen. L’European Shorthair est le plus glorieux fils du « chat commun domestique ». L’European Shorthair est surement une des races de chat le plus « nature » qui soit. Il est l’héritier d’un passé lointain et appartient à une race féline pure et extrêmement ancienne. Jusqu’à à la fin du XVIIIème siècle, l’ancêtre de notre European Shorthair était surement le seul représentant de la gent féline domestique connu sur notre continent, celui qui est depuis longtemps dans la mémoire des hommes de l’Europe de l’ouest. A la base, l’European Shorthair est un chat commun domestique européen, qui a été sélectionné selon certains critères de beauté. La première différence entre le « Chat commun domestique » et l’European Shorthair, c’est la sélection. Grâce à la sélection, la couleur des yeux, les desseins de la robe, la texture du poil, …, vont être maîtrisés pour se rapprocher le plus possible du standard. L’European Shorthair est le fruit d’une sélection réalisée par quelques éleveurs amateurs à partir de chats domestiques.

Je pense que la situation du « chat commun domestique » décrit dans les ouvrages des naturalistes du XVIIIème siècle, Linné et Buffon, est très préoccupante. Le père des chats est en danger. Son patrimoine génétique risque de disparaître. Ce chat est peut-être en voie de disparition. Leur existence est menacée par les conditions de vie moderne. Dans le passé, les personnes se déplaçaient très peu, ainsi que leurs animaux domestiques. Le témoignage des grands maîtres est intéressant. Sur les peintures où un chat commun domestique figure il est tigré, noir, bicolore, roux, gris mais toujours à poil court avant l’arrivée de l’Angora (en 1600 environ). A partir de là, on peut supposer que le « chat domestique européen » a été « infiltré » par quelques Angoras dans un premier temps, puis par des siamois et autres chats exotiques découverts à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Avec l’arrivée de nouveaux chats de race, des croisements on eu lieu, ce qui lui font perdre ses caractéristiques principales au chat commun domestique en France. Et se faisant, il a sûrement plus ou moins perdu de sa pureté.

Le chat commun domestique des pays scandinaves : Norvège, Suède, Danemark, Finlande, ainsi que l’ancienne RDA, aurait moins souffert de ces croissements. Les frontières de ces pays ont longtemps été fermées aux importations de chats de race avec de lourdes quarantaines. Déjà dans les années 1990, Elke Frehse, juge internationale et passionnée de la race me disait qu’il y avait en France de moins en moins de chats communs domestiques correspondantes au standard de l’Européen. J’ai élevé pendant plus de trente ans des chats de race European Shorthair et comme j’aime beaucoup les chats et particulièrement l’European Shorthair, je ne manque pas de porter mon attention sur tous les chats que je peux rencontrer. J’ai toujours essayé de visiter de nombreuses portées, n’ayant pas peur d’affronter les kilomètres pour mon seul plaisir. Depuis 1983 j’ai noté les observations que j’ai pu faire en France et à l’étranger sur les chats communs non sélectionnés, c’est à dire se reproduisant au milieu de populations de chats ou l’homme ne surveille pas les accouplements. La plupart des propriétaires ne savent pas qui sont les mâles qui ont sailli leurs chattes. Il est vrai qu’être conforme à un standard n’est pas le souci d’un chat commun domestique. Il naît du hasard des mariages non contrôlés. Pourtant naissent de ces portées des sujets qui présentent toutes les caractéristiques de la race. Il encore possible de rencontrer des chats domestiques présentant toutes les caractéristiques d’un véritable European Shorthair. Les observations que j’ai pu faire sur les chats non sélectionnés sont qu’elles regroupent une vaste catégorie de chats aux morphologies variables (tantôt trapu, tantôt longiligne). Son physique peut-être très différent selon les territoires. Il est plus filiforme, plus mince et plus haut sur pattes dans le bassin méditerranéen, avec une fourrure plus fine. Dans le nord de l’Europe plus fort, plus trapu et une texture de poil plus épaisse. Dans la nature, les espèces non domestiquées peuvent parfois présenter des différences morphologiques importantes selon les zones géographiques. Les lynx seraient plus petits en Espagne ou au Portugal que dans le Nord de l’Europe (Idem pour les tigres ou pour les loups). J’ai importé d’Italie et de Suède des chats de race European Shorthair. Les types se différencie. C’est un effectif très réduit pour en tirer la moindre conclusion mais la chatte qui vient d’Italie a un type plus élancée, d’agilité dans sa démarche, des oreilles plus haut placées, une texture de poil très douce au toucher, très près du corps avec peu de sous-poil. Ce qui lui fait ressortir sa musculature. Mais mes chats d’origine suédoise ont un corps plus, trapu et large et une fourrure plus dense et plus épaisse. La conclusion des observations que je peux faire aujourd’hui est qu’il y a, en France, de moins en moins de chats communs domestiques correspondants au standard de l’European Shorthair. L’introduction de nouvelles races venues des quatre coins du globe font qu’aujourd’hui il existe des types très variés (poil long, variétés, colourpoint, etc) que l’on peut observer chez le chat commun domestique, sont le signe d’une perte d’identité.

Mes réflexions : Le standard d’un chat est généralement établi dans le pays ou il est découvert ou « élaboré ». Bien des standards ont été établis sous l’égide du Governing Council of the Cat Fancy (GCCF). La France a rédigée le standard du sacré de Birmanie et du chartreux, races françaises. Et actuellement les américains sont surement les plus grands rédacteurs de standards félins du monde. Car si les Européens trouvent leur origine dans les « chats locaux de tout les pays européens » ou  « chats communs européen », le chat de quel pays européen doit-on prendre comme modèle pour le standard de l’Européen ? Faut-il homogénéiser la race ? Es-ce que l’Européen en Suède ne correspond pas à l’idéal de l’Européen dans les autres pays européen ? Faudrait-il créer un standard pour l’européen suédois ? ou italien ? ou français ? Chaque pays européens doit-ils marquer « son Européens » de son propre sceau ?

« Selon M GRINGET, juge et amoureux de l’Européen pense qu’il ne devrait pas exister un Européen mais des Européens ».  Un chat italien ne ressemble pas morphologiquement à un chat suédois, « Questions de climat ! » assure le félinophile ».

L’européen dans le milieu du chat de race

Bien que l’une des races la plus vieille au monde et reconnue officiellement depuis plusieurs année par différentes instances félines, l’European Shorthair a un énorme problème d’identité. Le chat de race European Shorthair est sans doute une des races la plus rare (Selon la définition de la législation Française) dans l’hexagone.  D’ailleurs au cours de son histoire il ne suscita jamais une grande admiration. En France en 1886, il est présenté comme « chat indigène » à l’exposition féline organisée par la revue « Le journal », au jardin d’Acclimatation de Paris. Certains articles parus affirment qu'il était courant de voir des Européens en exposition  dans les années 1930 aux années 1970, ils étaient bien mieux reconnus que de nos jours. Depuis 1982 je participe à de nombreuses expositions félines, en France et à l’étranger comme visiteur ou exposant et je constate que l’on boude l’Européen. Il n’y a pas le moindre engouement pour cette race. Dans l’hexagone le terme « Européen » signifie encore, aux yeux d’un public pas très averti, « un chat sans race ». Les français ne connaissent que très peu cette race. Au cours de conversations lors de rencontres avec des éleveurs d’autres races, je me suis rendus compte que beaucoup d’entre eux ne le connaissaient pas ou mal. Beaucoup de vétérinaires inscrivent sur les carnets de vaccination et les cartes d’identifications « chat Européen » pour désigner n’importe quels chats communs.

En France certains passionnés,(dont moi qui en a fait en tant que président du club de race « CARES » la demande au LOOF) de cette race pensaient qu’il fallait le rebaptiser. Depuis le 1er janvier 2007, l’européen a été rebaptisé « European Shorthair ». Nous espérons que ce changement de statut aidera les gens à mieux faire la différence entre le chat de race répondant à un standard très précis, et le gouttière. En Italie par exemple, certains livres d’origine appellent l’European Shorthair Celtic. Il porte pourtant à mon avis un nom qui correspond parfaitement à son origine géographique et historique.

 Pour beaucoup, rien ne ressemble plus à un chat qu’un Européen. En expositions les visiteurs croient reconnaître le chat de la voisine et s’étonnaient qu’un chat si banal puisse s’assimiler à une race. Les commentaires habituels sont souvent du genre : « j’ai exactement le même à la maison, ou ils ne sont pas vilain, mais ... ». Ce genre de réflexion entraîne chez beaucoup d’exposant, une forte poussée d’adrénaline. Cela ne m’énerve pas du tout d’entendre ce genre de commentaire. Cette parole mérite quelques minutes de discussion. J’en profite pour expliquer au public les caractéristiques de la race. Il est évident qu’un œil non averti peut avoir des difficultés à déceler les nuances qui constituent la barrière entre un chat commun domestique d’un européen, mais il en de même en ce qui concerne bon nombre d’autres races, quels visiteurs pourraient différencier au premier coup d’œil un Siberian d’un Norvégien, un Chartreux d’un British bleu ou d’un Européen bleu, etc. D’une race à l’autre, les différences n’apparaissent pas aux profanes. Il est souvent difficile d’expliquer aux visiteurs et aussi à des éleveurs d’autres races les points qui les distinguent. Les comparaisons ne semblent pas toujours évidentes. Le manque de connaissance des races entraîne d’ailleurs de drôles de réflexions en expositions félines. Mais parfois j’entends aussi lorsque les visiteurs, se pressent autour de sa cage, « voilà un vrai chat ». Les races dites « naturelles » ont leurs adeptes, les races ultra-sélectionnées aussi. Au nom de quel principe peut-on décider qu’un British Shorthair est plus beau qu’un Siamois ou qu’un Maine-Coon ? C’est une affaire de goût très personnel. A chacun sa vision de l’esthétisme. Les choses sont belles parce que nous les jugeons belles et non l’inverse. J’aime croire qu’il n’y a pas de définition précise du beau. Le jugement de goût est purement relatif à l’individu, à un moment donné. C’est notre droit d’aimer une race de  chat plutôt qu’une autre.

 

La situation de l’élevage de l’européen en France

L’européen « made in France » existe t-il ?

A en croire certains écrits concernant l’européen, on serait tenté de croire que nous avons de grandes lignée dans notre pays. Depuis 1982 je m'intéresse à cette race et je n’ai vu aucun changement concernant l’élevage de ce chat dans notre pays.  Je dirai même que depuis une vingtaine d’années la situation s'est accentuée. Il n’y a pratiquement pas (voire plus) d’éleveur en France. Peu d’éleveurs s’engagent dans cette race. Dans plusieurs pays européens, il reste aussi rare qu’en France, voire totalement absent dans certains pays voisins. Dans les pays de l’Europe du Nord (plus particulièrement en Suède) l’européen serait bien mieux représenté que chez nous. L’élevage sélectif ne débuta qu’en 1960 en Europe du Nord. La Finlande revendique être la première nation du continent européen à avoir valorisé l’European Shorthair, en préservant la pureté de la race. Les éleveurs Finlandais disent que l’European Shorthair doit ressembler au chat domestique originel (celui décrit par les premiers Naturalistes).

Conformément aux vœux de la FIFe (le standard appliqué par le LOOF est élaboré à partir de celui de la Fife), l’Européen idéal ne doit pas être différent, au point de vue anatomique du chat domestique européen. Il est supposé être totalement pur. Aucun mariage n’est autorisé avec aucune autre race. Pourtant pendant longtemps en France quand on cherchait un Européen avec un pédigrée, bien souvent on s’apercevait que figurait dans son ascendance des Persans alors que le standard demande qu’il n’y ait pas de croisement avec d’autres races. Allez-vous faire une idée avec ça ! Certains éleveurs croisaient des Européens avec différents chats de race. A mon avis une race qui doit faire appel à une autre race pour exister n’est pas une race. Certains chats issus de ces mariages ont même été grands champions  d’Europe. Avant la création du LOOF, comme pour le Chartreux, dans plusieurs clubs indépendants l’Européen était très souvent assimilé pendant les expositions au British Shorthair, dont l’élevage était plus avancé. Beaucoup de juges ne faisaient pas la différence entre British et Européen. Ils jugeaient l’Européen selon le standard du British. En faisant beaucoup d'effort je peux comprendre qu’il faut sacrifier un peu la type pour gagner en couleur mais de grâce, gardons un équilibre pour ne pas confondre un British d’un Européen. On voit très rarement des European Shorthair en expositions, peut-être parce qu’il est trop classique de forme et de coloris. Le problème de l’European Shorthair serait paraît t-il d’être resté trop proche de chat commun, trop classique de forme et de coloris. Pourtant c’est ce qui fait sa spécificité. L’European Shorthair est un chat naturel et pur, il doit conserver ses caractéristiques originelles, et ne pas céder à la fièvre d’un « surtype ». Opposés à d’autres races en expos, ils étaient rarement primés et souvent ignorés et parfois décriés comme chat de race dans le milieu félin. Les sujets que j’ai présentés en exposition étaient souvent victimes d’une méconnaissance des juges. L’European Shorthair est souvent mal jugé car je crois que beaucoup de juges ont pour l’instant une connaissance imparfaite de cette race. Espérons qu’un jour ils le connaîtront suffisamment pour apprécier ce qui fait son originalité. L’European Shorthair n’est pas reconnu aux Etats-Unis, ni en Angleterre. J'ai importé de l’étranger des sujets avec papiers. Je me suis tourné vers l’Italie et la Suède.

Il est bien sûr louable de se soucier des races étrangères, mais nous devons quand même ne pas oublier les races de notre pays. L’European Shorthair a des qualités indiscutables, un rôle de premier plan à jouer. Gageons qu’il saura s’imposer au plus vite, prouvant par la même que la suprématie des races venues des quatre coins du globe n’est pas inéluctable. C’est une race de chat extrêmement rare sur notre territoire. Le père des chats est en danger. Son patrimoine génétique risque de disparaître. L’European Shorthair ne doit pas disparaître car il appartient à notre histoire. Il me paraît important de redonner sa notoriété à ce chat.

Une chose est sûre : cette race que j’adore m’a fait perdre plus d’argent que n’importe quelle autre. On achète rarement un European Shorthair, mais c’est un aspect de la question qui n’arrête pas le défenseur d’une race. Je suis un passionné chez qui le mot « rentabilité » n’a que très peu de signification. Quand on élève des European Shorthair, on renonce a l’attrait du gain, seul l’honneur d’être son éleveur est le meilleur des gains.